Cerisier du Japon en haïkus
Par Maya le 29 mars 2012, 15 h - Marges - Lien permanent
La vie est une cerise,
La mort est un noyau,
L'amour un cerisier (Jacques Prévert)
Pour ne pas laisser passer les premiers jours de printemps sans l’honorer, je veux vous parler du cerisier du jardin des Plantes qui vient de refleurir, et, devant tant de beauté, présenter quelques haïkus et laisser la parole aux poètes japonais, qui ont si bien su, en trois phrases, depuis des siècles, épingler l'instant qui passe et son caractère éphémère.
Fulgurances
C’est sûrement le printemps,
Sur les montagnes sans nom
Une fine brume. (Bashô)
La cloche se tait
Les fleurs en écho
Parfument le soir. (Bashô)
Le vent
Hésitant
Roule une cigarette d'air (Paul Eluard)
Terrain de baseball vide,
Un rouge-gorge
Sautille sur le banc. (Jack Kerouac)
Soudain
Un éclair !
Dans l'obscurité éclate
Le cri du héron.
Du cœur de la pivoine
L'abeille sort
Avec quel regret.
Aller alors
Un peu ivre
Le pas léger
Dans le vent du printemps (Ryokan)
Et peut-être rencontrer
Sur un sentier de montagne
Où quelque chose pourrait vous charmer,
Une violette sauvage. (Bashô)
Azalées arrangées
Dans l’ombre une femme
Déchire une morue sèche.
Un corbeau errant
,
Son vieux nid est devenu
Un prunier.
Et sur un banc, les admirant :
Ma robe de soie,
Des pêches de Fushimi
Gouttent ici.
Illustrations : branches de cerisier du japon ; estampes d’Hokusai.