Quint Buchholz lecteur<> Le Haddock illustré. « Jeune homme, votre manuscrit me laisse perplexe. Comment pouvez vous penser qu’un tel personnage à gros nez, à la barbe puant le tabac, ivrogne, éructant toutes les dix lignes des insultes incompréhensibles et non reconnues par le dictionnaire puisse intéresser un public ? Quant au titre que vous choisissez : Le Haddock illustré, permettez-moi de vous dire que c’est se foutre du monde que d’introduire une telle confusion, car enfin ! s’agit-il d’un capitaine ivre ou d’un poisson fumé ? Mon conseil : retournez travailler à votre journal en bon petit reporter que vous êtes, et occupez-vous de votre petit chien dont j’ai oublié le nom : Balou ? Malou ? Ah non, je sais : Milou. » (Anne G.)

<> L’Amazone fugitive. « Cher D.H. Pour vos romans, vous m’avez préféré un autre éditeur… Au nom de notre amitié ancienne, vous condescendez maintenant à me proposer un regroupement de nouvelles et suggérez même un titre, L’Amazone fugitive. Que voulez-vous que j’en fasse ? Les scandales sont derrière vous et les histoires de femmes mal mariées ennuient tout le monde. Bien à vous. » (Dominique L.)

<> Un portrait de femme. « Cher Monsieur James, nous sommes au regret de ne pouvoir publier le manuscrit que vous nous avez adressé : Un portrait de femme. En effet, nous vous rappelons que nous sommes une maison d’édition sérieuse, habituée à offrir à notre public des ouvrages traitant de sujets sérieux. Un sujet aussi mince, futile et inintéressant que celui-là ne relève pas de notre compétence. A la rigueur, nous pourrions réexaminer votre cas si vous transformiez cet ouvrage en « Portrait d’homme », sujet autrement susceptible d’intéresser nos lecteurs. » (Martine C.)

<> Le pianiste. « Monsieur Szpilman, comment osez-vous m’adresser cet ouvrage alors que chacun sait que l’holocauste n’a jamais existé et que les Juifs ont monté cette histoire de toute pièce ! Ce que je trouve incroyable – et sans doute inventé pour donner un aspect de conte à votre manuscrit – est l’intervention du capitaine nazi Wilm Hosenfeld qui vous aurait libéré après vous avoir entendu jouer le nocturne en ut mineur de Chopin sur un piano sauvé de l’incendie d’une maison bourgeoise. Fadaises que tout cela. » (Nadia C.)

<> Pierre et le loup. « Monsieur Tchaïkovski, je suis désolée de ne pouvoir accepter votre composition musicale, ni non plus le livret illustré qui l’accompagne. En effet, je risque de m’attirer les foudres de la SPA, du lobby anti-chasse et des défenseurs du loup réunis. » (Nadine M.)

Illustrations du peintre allemand Quint Buchholz, L'Homme sur l'échelle et Le Lecteur.