Contes et canulars

Dans la préface que s’est écrite Hervé Le Tellier, qui nous régale d’une nouvelle facétie, il est dit que l’écrivain lisboète exilé Jaime Montestrela (1925-1975) écrivit ces Contes liquides à Paris, de mai 1968 à juin 1972, au rythme de deux ou trois par semaine. Plus de mille, dont quatre-vingt dans le recueil, ce qui n’est pas mal, compte tenu du fait que le traducteur ne parle pas portugais.



Puig Rosado illustration

Quelques liquéfactions en vol

Sur la planète FH76, le corps des êtres vivants et leur esprit ne sont pas fusionnés. Il arrive ainsi que l'esprit meure bien avant le corps. Ce dernier continue de manger, de courir, de converser ou même de copuler jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'activité corporelle peut se poursuivre plusieurs années sans que quiconque s'aperçoive de rien.
 (Conte n° 1)



Les chercheurs du Jakobson Research Institute (Zürich) ont prouvé que le premier mot inventé par l'homme était «hydropneumatique», mais qu'il fallut attendre longtemps avant qu'il trouve un usage. (Conte n° 155)

Sur la planète HC678, toute personne usant d'une phrase déjà prononcée - des scribes en gardent trace sur d'immenses registres - doit régler des droits d'auteur à son premier locuteur. Seuls les riches ont ainsi la parole, mais n'est-ce pas partout pareil ? (Conte n° 413)



Hydre Puig Rosario

Le livre

Contes liquides, coll. Philox, traduit du portugais par Hervé Le Tellier (2012, postfacé par Jacques Vallet, avec couverture de Fernando Puig Rosado.
A remarquer que le traducteur ne connaissant pas le portugais, on peut se préparer à quelques réjouissantes découvertes quant on le connaît un peu... ! Se souvenir des Saturations liquide ou orientale !

Illustrations : Fernando Puig Rosado (couverture et dessins).