Porte toquée Koren Shadmi

Brèves variations burlesques

J’ai ainsi lancé mes participants dans l’aventure, les invitant à écrire une suite, et je vous présente quelques-uns des brefs récits que j’ai déjà reçues sur le sujet !
Surprise !
Et surprise aussi pour les portes de sorties imaginées lors de l’atelier ! A remarquer que la suite que l’auteur de cette nouvelle très brève a élaborée, lui, figure dans un autre de ses recueils tout aussi réjouissant par la fin qu’il nous attribue !

  • Le dernier homme vivant sur terre... On frappa à la porte. C’était Dieu. « Quoi, le ménage n’est toujours pas fini ? Dépêche-toi j’ai besoin de tout le monde là-haut ! Je reviens te chercher demain, et après, la Terre, pschitttt ! » (Lilie R.)
  • Le dernier homme vivant sur Terre était assis dans une pièce. On frappa à la porte. « Ben mince alors, j’croyais que j’étais le dernier. » Il se leva pesamment, perplexe, et doucement entrouvrit la porte. Il y eut dans l’ordre : une odeur de roses séchées ; une aile lumineuse fendant l’air de la pièce, suivie d’un ange grassouillet, l’air satisfait ; un vieux bonhomme barbu, ceinturé de clefs toutes plus rouillées les unes que les autres, qui d’un ton très doux lui dit : « Mon ami, il s’agissait d’une erreur dans ma comptabilité. Votre place est réservée depuis longtemps sur le petit strato-cumulus à l’angle gauche de la Grande Ourse. » (Anne G.)

Max Ernst Premier jour de clarté

  • Le dernier homme vivant sur Terre était assis dans une pièce. On frappa à la porte. Fou de joie, il ouvrit. C’était la nouvelle Eve. Elle lui rapportait sa côte. (M.C. A.)
  • Le dernier homme vivant sur terre était assis dans une pièce. On frappa à la porte… Il n’était pas seul. Il était toute sa vie. Il était toutes les vies du monde. Même celles des bêtes et celles des plantes. Il était toute l’histoire. Tous les romans écrits. Il était dans le ciel et les profondeurs de la terre. Il était tout. Dehors n’était rien. Alors il ignora les coups frappés à la porte. (Martine C.)
  • Le dernier homme vivant sur Terre était assis dans une pièce. On frappa à la porte. « Entrez ! », répondit l’homme. Et Elle entra, radieuse et rieuse. La dernière femme vivante le prenait par la main. (Martine F.)
  • Le dernier homme vivant sur terre était assis dans la pièce. On frappa à la porte. L’homme sursauta, les coups se répétèrent. L’homme se leva et par réflexe jeta un coup d’œil au miroir avant de se diriger vers la porte. Il avait une mine épouvantable. Cette journée avait été très éprouvante et il avait besoin de repos. Et qui diable pouvait donc avoir l’impudence de venir l’importuner. Il n’était donc pas le dernier survivant ? Cette idée le dérangeait. (Yvonne W.)

Et, d’une participante absente ce jour-là, mais inspirée par le sujet ! Le dernier homme vivant sur la terre lisait dans sa chambre lorsqu’on frappa à sa porte. Paul ne réagit pas. Au début surtout, il lui arrivait d’imaginer une présence. Il entendait des voix qui appelaient son nom, des silhouettes apparaissaient. Peu à peu il s’était habitué à être seul. Il ne jouait plus à cache-cache avec des fantômes, il ne se demandait plus pourquoi il était encore en vie.
Il vivait, la nourriture était abondante. Toutes les plantes poussaient avec une vigueur étonnante depuis l’événement. Son jardin était luxuriant ; les fleurs surtout resplendissaient au soleil. Leur beauté inutile le rendait mélancolique.
La viande ne lui manquait pas ; il avait toujours été végétarien.
Sa maison était presque vide, une table, un lt, et une profusion de livres. Après l’événement, toutes les créatures, hommes et animaux, avaient disparu. Seuls demeuraient les objets ; le téléphone, en état de marche, se figeait dans le silence. La télévision ne montrait plus d’images. paul avait songé à se suicider, y avait renoncé. C’était un homme né pour résister. Quelle que soit la situation, il réussissait à s’adapter. Il existe des êtres comme cela, en qui la vie est ancrée comme une évidence, comme une fatalité. Une vie capable de se passer d’attaches, de témoins, - si nul ne se présentait.
Les coups sur la porte redoublèrent et Paul ne bougeait pas. Finalement la porte s’ouvrit et une femme entra. Elle était blonde, de taille moyennes, assez ordinaire. Elle s’avança vers Paul, le dévisagea un instant , parla d’une voix égale. " Paul, nous t’avons choisi pour engendrer une autre race d’hommes. C’est votre dernière chance. Il ferma les yeux lorsqu’elle le prit dans ses bras. (Arlette L.)

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Biographie. Fredric Brown est un écrivain américain surtout adonné à la science-fiction et aux brèves (les short short stories), mais pas seulement, et ses nouvelles et les romans hautement burlesques et humoristiques.

Illustrations : de Max Ersnt (1923), Enter Exit (détail) et Premier jour de clarté  ; et de Koren Shamid, un dessin de la BD Abaddon (éd. Ici-Même, 2013, une BD aux couleurs du mouvement Panique mettant en scène le héros du Locataire chimérique de Roland Topor, déjà adapté au cinéma par Roman Polanski avec Le Locataire).

Contact pour l’atelier à mon adresse courriel : Maya.vigier (à) gmail.com (en remplaçant le à par @)